Photos: Tania Love et Osielle S. Salgo.
Tania Love: Morphogenesis I avec Osielle S. Salgo

À propos de l’artiste
Tania Love est une artiste visuelle résidant dans la ville de Toronto. Son travail évolue à partir d’une relation avec le lieu, la matière et la connexion avec la nature. Tania Lovetravaille avec des encres et des teintures végétales, ainsi que de la peinture à base de caséine et de pigments. Elle emploie aussi divers procédés, dont le cyanotype. Son choix de matériaux et la matérialité de son travail explorent la tactilité et ouvrent une réflexion sur les cycles de fragilité et de croissance. Diplômée en beaux-arts de l’Université de Guelph, TaniaLove a remporté de nombreuses bourses, a effectué plusieurs résidences, et a exposé son travail tant au Canada qu’à l’étranger. Sa première exposition fut en en solo en 1997, à la Faktorie Gallery à Toronto.
Sounds From The Tree (Bio Acoustics Of Plants) par Sonoquilibrium (2021).
Processus de travail de médiation d’Osielle S. Salgo
Osielle Stéphanie Salgo a assuré la médiation de l’œuvre Morphogenesis I. Étudiante en 2ème année dans le Pôle d’études et recherche en cultures numériques et immigrante d’origine Burkinabè, elle a vite été facinée par les nouvelles technologies que sa nouvelle vie lui offrait, notamment par la photographie, la vidéographie et l’art numérique. Engagée auprès de sa communauté, elle y fait du bénévolat en tant que photographe et travaille à l’UOF à titre d’ambassadrice au recrutement. Ces activités lui permettent de faire ce qu’elle aime tout en ayant un impact significatif. Dans le cadre de ses études, Stéphanie a également travaillé sur des projets tels que la création d’un site web, d’un tutoriel vidéo pour apprendre à mieux utiliser l’intelligence artificielle pour créer des chansons, et plus encore. En résumé, le parcourt d’Osielle a profondément influencé sa démarche de création en médiation.
Morphogenesis I est constitué de feuilles plus grandes que nature dont la teinte rouge, les mouvements aux courants d’air et aux passages des visiteurs, et leurs formes, font penser à des poumons traversés de sang, qui se dilatent et se contractent à chaque respiration : elles semblent vivantes. De plus, « les feuilles dentellées, rongées jusqu’à leurs nervures par les scarabées japonais envahissants, sont fascinantes par leur combinaison de beauté et de tragédie. »
Sur son site web, à propos de son oeuvre, l’artiste explique :
« C’était l’automne lorsque j’ai commencé cette série, alors que j’étais artiste en résidence dans les Adirondacks, et que les feuilles des arbres environnants prenaient des teintes rouges. Jour après jour, je ramassais une feuille tombée, l’observais et la peignais dans des tons rouge sang, sa forme agrandie à hauteur humaine. La colonne vertébrale de la feuille liée à ma colonne vertébrale, ses veines à mes veines, ses lobes à mes poumons. Cette série exprime mon sentiment de perméabilité entre les humains et le monde naturel — de conscience, de beauté, de fragilité et de résilience. »
D’une manière délicate, mais forte et belle, Tania Love nous amène à réfléchir sur la vie et à mieux l’examiner. Elle trouve dans les petits moments de silence, des expériences et des connaissances qui mettent en lumière la vie elle-même et donnent un aperçu de ses cycles et de ses paradoxes. Sur une feuille s’aperçoivent la vie, la mort, ainsi que toutes les subtilités et nuances qui les relient.
Retour sur le processus de travail de médiation de l’étudiante
Dès les premiers échanges avec Tania Love, j’ai été captivée par la dimension tactile de son travail artistique. Cela m’a amenée à réexaminer notre rapport au toucher, notamment dans un contexte numérique. Le toucher qui, au premier abord, est envisagé comme un de cinq sens, joue aussi un rôle dans les technologies dites « digitales », en réference aux doigts. J’ai trouvé intéressant d’explorer cette dimension numérique du toucher sur des écrans, particulièrement les écrans de téléphones mobiles. Après tout, les téléphones multifonctions abritent aussi des données et détails privés, voir intimes. Ils informent nos liens avec nos proches, et rendent possibles des expériences personnelles marquantes, émotionnelles et émouvantes.
Dans ce contexte, le travail avec la réalité augmentée sur téléphone mobile s’est manifesté comme un choix naturel. Ainsi, ce projet de médiation a pour but d’offrir une réflexion portant sur les relations dynamiques entre corps et environnements naturels. Pour ce faire, l’expérience du projet se fait via l’application mobile de réalité augmentée Adobe Aero. Le projet de médiation est accessible via un code QR placé sur la vitrine de l’œuvre de l’artiste. Une fois le code QR scanné, il mènera au téléchargement de l’application Adobe Aero, disponible gratuitement sur iPhone autant que sur les appareils Android. Par la suite, il faudra scanner à nouveau le code QR afin d’accéder à l’œuvre de médiation.
Cette œuvre de réalité augmentée invite à situer son corps en relation à une feuille numérisée, prélevée de l’œuvre de l’artiste en vitrine. Une fois l’application Adobe Aero téléchargée et le code QR scanné à nouveau, la feuille apparaîtra comme élément à placer sur une surface horizontale via la caméra du téléphone. Lorsqu’elle sera placée à l’endroit choisi au sol, la feuille commencera à s’animer par des pulsations semblables au rythme de battements de cœur. Se rapprocher de la feuille déclenchera aussi de l’audio.
La trame sonore accompagnant la pulsation de la feuille est tirée d’enregistrements de sons, captés par le collectif de design sonore Sonoquilibrium, provenant de l’intérieur de troncs d’arbres. Ce paysage sonore invite à la réflexion et au questionnement : l’intérieur des arbres fait-il du bruit ? Oui, car la circulation de la sève à travers l’arbre est analogue à la circulation du sang dans les corps humains.
La feuille numérisée et animée à l’écran augmente l’expérience des liens créés en présence de l’œuvre de l’artiste. Elle invite particulièrement à ressentir les liens poétiques entre les veines des feuilles de l’artiste, à échelle humaine, et les nôtres.
Bien qu’il soit recommandé d’activer l’expérience devant la vitrine exposée à l’UOF, elle se prête au déploiement dans d’autres contextes et lieux. Il est également possible de photographier l’expérience de réalité augmentée à l’aide d’un bouton déclencheur superposé à la scène.
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